Tandis qu'à leurs oeuvres
perverses
Les hommes courent haletant,
Mars, qui rit malgré les averses
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes
Sournoisement, lorsque tout
dort,
Il repasse les collerettes
Et cisèle des boutons d'or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne
Poudrer a frimas l'amandier.
Tout en composant des
solfèges,
Qu'aux merles il sifle à mis-voix,
Il sème aux prés les perce-
neige
Et les violettes aux bois.
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Il te tresse un chapeau de
feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est
faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'Avril tournant la tête,
Il dit " Printemps, tu peux venir
(Théophile Gautier)
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