Surnom donné aux protestants insurgés dans le Midi de la France, au commencement du dix-huitième siècle. Il leur venait soit de leurs expéditions nocturnes, appelées jadis camisades, soit de deux mots languedociens camas-ard, brûleurs de maisons. Les persécutions contre les protestants (dragonnades) que n'avait pas chassés ou convertis la révocation de l'édit de Nantes, à peine ralenties par la guerre de la France contre l'Europe, en 1689, recommencèrent de nouveau après la paix signée à Ryswick en 1697 ; et l'on a peine à croire au récit des tortures que Nicolas Lamoignon Bavelle, intendant de Montpellier, et surtout l'abbé Duchaila, prieur de Laval, faisaient endurer aux réformés tombés entre leurs mains.
Les cruautés de ce dernier ne furent pas longtemps impunies. Le 21 juillet 1702, une cinquantaine d'hommes, armés de faux, d'épées et de vieilles hallebardes, entourèrent, vers le soir, le château du pont de Montvers, sur le Tarn, où logeait Duchaila. Ils l'incendièrent, et son possesseur périt dans les flammes.
Cet acte de vengeance fut le signal de l'insurrection : partout on vit s'organiser des bandes de proscrits qui échappèrent à toutes les poursuites, et exercèrent d'horribles représailles coutre leurs persécuteurs. La plus célèbre de toutes ces bandes avait pour chef Jean Cavalier, jeune homme de vingt-deux ans, né à Anduze, et qui avait été quelque temps boulanger à Genève ; dans le commandement qui lui fut confié, il ne tarda pas à déployer de rares talents militaires. Il était spécialement chargé de la guerre de plaine, tandis que d'autres chefs nommés Roland, Laporte, Catinat, faisaient la guerre des montagnes.
Les progrès de l'insurrection effrayèrent Louis XIV qui, en 1703, envoya dans le Bas-Languedoc le maréchal de Montrevel avec vingt mille hommes de troupes ; mais la manière odieuse et barbare dont celui-ci traita des populations inoffensives ne fit qu'étendre l'incendie. L'année suivante, Montrevel fut remplacé par le maréchal de Villars.
Les manoeuvres de Villars parvinrent bientôt à désorganiser et à affamer les camisards, qui se rendaient par troupes de vingt à trente hommes. Cavalier, qui, avec une poignée de soldats, était resté deux jours sans manger, vint lui-même faire sa soumission, et échangea son titre de général de camisards contre celui de colonel au service du roi ; mais abreuvé de dégoûts, il passa en Hollande, fit la guerre d'Espagne contre la France, et mourut eu 1740, après avoir été officier-général et gouverneur de Jersey.
Sa soumission ne tarda pas à entraîner celle des autres chefs. Roland fut tué en combattant. « A la fin de l'année, raconte Villars, il ne resta plus que quelques brigands dans les hautes Cévennes, pays qu'il est peut-être impossible de purger de cette engeance. » Quelques tentatives partielles de révolte, excitées par l'Angleterre et la Hollande, eurent lieu encore pendant plusieurs années. En 1709, le Vivarais entier se souleva, mais il fut bientôt pacifié, non toutefois sans avoir apposé une vive résistance.
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