Thélème
En 1532, François Rabelais proposa sa vision personnelle de la cité utopique idéale en décrivant dans "Gargantua" l'abbaye de Thélème.
Pas de gouvernement car, pense Rabelais: "Comment pourrait-on gouverner autrui quand on ne sait pas se gouverner soi-même"? Sans gouvernement, les Thélèmites agissent donc "selon leur bon vouloir" avec pour devise "Fais ce que voudra". Pour que l'utopie réussisse, les hôtes de l'abbaye sont triés sur le volet. N'y sont admis que des hommes et des femmes bien nés, libres d'esprit, instruits, vertueux, beaux et "bien naturés". On y entre à dix ans pour les femmes, à douze pour les hommes.
Dans la journée, chacun fait donc ce qu'il veut, travail si cela lui chante et sinon, se repose, boit, s'amuse, fait l'amour. Les horloges ont été supprimées, ce qui évite toute notion du temps qui passe. On se réveille à son gré, mange quand on a faim. L'agitation, la violence, les querelles, sont bannies. Des domestiques et des artisans installés à l'extérieur de l'abbaye sont chargés des travaux pénibles.
Rabelais décrit son utopie. L'établissement devra être construit en bord de Loire, dans la forêt de Port-Huault. Il comprendra neuf mille trois cent trente-deux chambres. Pas de murs d'enceinte car "les murailles entretiennent la conspiration". Chaque bâtiment sera haut de dix étages. Un tout-à-l'égout débouchera dans le fleuve. De nombreuses bibliothèques, un parc enrichi d'un labyrinthe et une fontaine au centre.
Rabelais n'était pas dupe. Il savait que son abbaye idéale serait forcément détruite par la démagogie, les doctrines absurdes et la discorde, ou tout simplement par des broutilles, mais il était convaincu que cela valait quand même la peine d'essayer.
11 mai 2005
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