19 avril 2005

Le conclave

En pleine actualité : comment se passe l'élection d'un nouveau pape au Vatican ? Tradition millénaire, les modalités ont été revues par Jean-Paul II lui-même, en 1996. Du rendez-vous dans la chapelle Sixtine à la fumée blanche, j'ai cherché par curiosité toutes les explications sur les traditions du Vatican.

1/ La réunion du conclave

Les cardinaux électeurs se réunissent environ 15 jours après le décès du pape. Ce délai permet à tous les cardinaux de rejoindre Rome. Respectant sur ce point la tradition, ils se retrouvent dans la chapelle Sixtine, sous la fresque du Jugement dernier et l’imposante voûte peinte par Michel Ange. C’est le lieu du vote. L’élection proprement dite ne débute qu’après la fermeture hermétique des portes de la chapelle.
Les déplacements des électeurs, de leur logement à la Sixtine, sont strictement réglementés. Les cardinaux passent d’un lieu à l’autre sans doute sous bonne escorte et sans jamais communiquer vers l’extérieur : cela leur est formellement interdit.

2/ Le déroulement de l’élection

Au jour fixé, le conclave débute dans la basilique Saint-Pierre par une messe solennelle, célébrée dans la matinée à l’intention particulière de l’élection du nouveau pape.
Puis, dans l’après-midi, les cardinaux électeurs se rendent en procession de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine. Pour les aider, le secrétaire du collège cardinalice, le maître des célébrations liturgiques pontificales, Mgr Piero Marini, avec deux cérémoniaires, deux religieux de la sacristie, des confesseurs de diverses langues, ainsi que deux médecins restent à leur disposition. Avec le personnel de service, ils doivent eux aussi s’engager à respecter strictement le secret et prêtent serment à cet effet.

"Tout le monde dehors"
Au premier jour du conclave, lorsque le dernier des cardinaux électeurs a prêté serment, l’Extra omnes (Tous dehors) est prononcé : toutes les personnes étrangères au conclave doivent quitter la chapelle Sixtine. N’y restent que le maître des célébrations liturgiques, l’ecclésiastique choisi pour donner la méditation sur les charges qui incombent aux électeurs et les membres du Sacré Collège âgés de moins de 80 ans, conformément à la mesure adoptée par Paul VI en 1970 et reprise par Jean-Paul II.

Selon la règle établie, le collège des électeurs ne doit pas dépasser le nombre de 120 cardinaux. Dans son souci de simplification, Jean-Paul II n’avait prévu qu’un seul mode de scrutin, à bulletin secret, et que l’élection soit validée aux deux tiers des suffrages requis.

"J'élis comme souverain pontife..."
Au cours du premier après-midi, un seul tour a lieu. Puis les jours suivants, deux votes se déroulent le matin et autant l’après-midi.
Après le choix des scrutateurs par tirage au sort, des bulletins rectangulaires seront donnés aux électeurs, qui portent l’inscription latine Eligo in Summum Pontificem (J’élis comme souverain pontife) et sur lesquels chacun écrit à la main le nom de l’élu. Appelés l’un après l’autre, selon un ordre protocolaire, les cardinaux s’avancent à l’autel et prononcent le serment : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu. »

Puis ils déposent leur bulletin dans une urne. Une fois les bulletins comptés, dépouillés et recomptés, les cardinaux écoutent le résultat. Pendant ce temps, les bulletins brûlent dans un poêle duquel sort, à l’extérieur de la chapelle, une fumée teintée selon le résultat obtenu et que scrute impatiemment la foule massée sur la place Saint-Pierre.

Fumée blanche, fumée noire
Blanche, elle signifie l’élection d’un nouveau pape ; noire, elle indique la poursuite du conclave. Car il est aussi prévu que l’élection puisse durer. Si, après trois jours, aucun résultat positif n’apparaît, le vote est suspendu pendant un jour « afin de laisser place à la prière, à un libre échange entre les votants et à une brève exhortation spirituelle par le cardinal proto-diacre ». Puis l’élection reprend pour une série de sept scrutins.

La même opération est reconduite deux fois en cas de nouvel échec. Et si, malgré tout, aucun successeur n’est encore désigné, alors la seule majorité absolue, la moitié des voix plus une, est requise. Les participants au conclave peuvent même décider d’un vote ultime ne retenant comme candidats que les deux noms arrivés en tête au scrutin précédent. Il est peu probable de devoir arriver à une telle extrémité, les précédents conclaves ayant tous vu émerger des noms dans les trois premiers jours.

3/ La proclamation des résultats

Lorsqu’un résultat positif est atteint, le président du conclave sollicite le consentement de l’élu, puis lui demande : « De quel nom voulez-vous être appelé ? » L’élu ne doit pas forcément être membre du conclave.
La règle prévoit qu’il puisse être choisi en dehors du collège des cardinaux, à la seule condition toutefois qu’il s’agisse d’un prêtre catholique.
Si, dans un tel cas, l’élu n’est pas évêque, il sera ordonné aussitôt. Mais l’hypothèse est peu probable.

"Habemus papam"
Une fois le consentement recueilli, le premier des cardinaux diacres se rend à la loggia de la basilique Saint-Pierre et proclame devant la foule : Habemus Papam (Nous avons un pape).
Il proclame d’abord le nom de naissance de l’élu, puis annonce celui choisi par le nouveau pape. Le conclave est alors fermé.

Le souverain pontife reçoit immédiatement tous les pouvoirs que le droit lui accorde. L’inauguration solennelle de son pontificat est une nouvelle occasion de rassemblement des cardinaux et des délégations de la plupart des pays et des Eglises.

D'après un article de Vincent Cabanac, vu sur www.pelerin.info



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